Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)
|
|
|
http://www.atilf.fr/dmf/definition/manger
|
|
|
MANGER, verbe |
[AND : manger ; DÉCT : mangier ] |
A. - | "Manger, avaler un aliment solide" |
| 1. | Empl. trans. |
| - | Manger qqc. : Sa semence, Tumbent sur le chemin, est gatee, Car des bestes tost est mangee. ([Pass. Auv., 1477, 137]). |
| - | Manger de qqc. : J'ay mangé d'une brame grasse Qu'estoit salee ung peu trop. ([Pass. Auv., 1477, 89]). |
| 2. | Empl. abs. |
| a) | "Manger" : Il est temps que vieinghés manger. ([Pass. Auv., 1477, 277]). |
| - | Donner à manger. V. donner |
| b) | En partic. [L'acte de manger, comme celui de boire ou de dormir, est considéré comme l'exercice d'une faculté propre aux créatures mortelles] : Qui vous esmeult A croire que [Jésus] filz de Dieu soit ? Come nous mange, dort et boit. ([Pass. Auv., 1477, 161]). |
B. - | [Empl. de manger avec une valeur affective, symbolique ou métaph. partic.] |
| 1. | [Renforcement de l'expression d'un refus] : Il ne me seroit pas possible, Puis qu'on me feroit cognoistable, Boire ypocras ne manger nyble A une si piteuse table. ([Pass. Auv., 1477, 112]). |
| 2. | [Allusion biblique (Gen. 3, 1-6)] : Las, pouvre, j'en pers ma coronne, Payent la somme Du fruit maulvaiz que tu [Adam] mangis ! ([Pass. Auv., 1477, 246]). |
| 3. | [Conformément aux croyances médiévales concernant le sort des défunts, se dit à propos des diables dévorant l'âme des damnés] : Tenés, diables, mangés trestous ! Les os vous puissent estrangler ! ([Pass. Auv., 1477, 250]). |
| 4. | [Dans un cont. métaph.] |
| a) | "Exploiter, spolier qqn" : Tu ne vis onc bestes parelles [les Auvergnats], Quar toutes vives on les mange ! ([Pass. Auv., 1477, 142]). |
| b) | Manger une poire/un gasteau. "Recevoir un coup" : Mange ceste poere boulie Et de ce guasteau mal prestit ! ([Pass. Auv., 1477, 189]). |
| - | Manger un gasteau. "Endurer, subir une méchanceté, un sale tour" : LE DUC. (...) Chivaliers, ce sont les gasteaulx Qu'on fait en court pour en taster. LE PREMIER CHIVALIER. Je n'en voulroye [l. vouldroye] pas manger, Mon seigneur, s'il estoit possible. Tieulx pains font les gens estranglier ; Maulvaistié est tousjours nuysible. ([Pass. Auv., 1477, 112]). |
Passion d'Auvergne |
Jean-Loup Ringenbach |
|
|
|
|
| © ATILF - CNRS & Université de Lorraine 2015 La présente ressource est produite et diffusée par l’ATILF à des fins de consultation pour l’enseignement et la recherche, à l’exclusion de toute exploitation commerciale. La citation d’un extrait de la ressource au sein d’une publication scientifique est autorisée sous condition de porter la mention suivante : DMF : Dictionnaire du Moyen Français (DMF 2015), http://www.atilf.fr/dmf, ATILF - CNRS & Université de Lorraine. |
|
|
|